[Quête de la Noce] 12 - La Recherche

Post N°3

La mine dépitée, Jaston faisait peine à voir quand il redescendit de l'attelage. Il agita son regard de tous les côtés, mais Benjan avait réellement disparu. Et c'était ce dernier qui avait l'habitude du fonctionnement des cuisines impériales. Ouvrant grand les yeux pour mieux réfléchir, Jaston passa sa main dans ses cheveux, mais aucune idée lumineuse ne descendit visiter sa cervelle. Alors il attendit. Il espérait que ce ne serait pas pour se faire réprimander comme la première fois.

Finalement Benjan ne tarda pas à pointer son museau essoufflé devant Jaston.

« Ah, te revoilà ! s'écria l'apprenti avec le sourire des grandes retrouvailles fraternelles. Où t'étais-tu perdu ?
— Je suis allé voir... ma sœur.
— Tu as une sœur ?
— Oui.
— Au palais ?
— Elle s'occupe des bougies.
— Ah bon ? C'est bien ! »

Benjan se frotta alors les mains, les yeux pétillants de secrets qui n'attendaient qu'à être révélés. Prenant l'air d'un conspirateur et sans ménager ses effets, il murmura :

« Son Altesse, la princesse, a disparu !
— Hu ?
— C'est un secret, mais la garde est sens dessus dessous. Sujeanne, euh... c'est ma sœur, m'a même dit qu'elle l'a vue sortir toute seule !
— Mais pourquoi Son Altesse ferait ça ?
— Elle a toujours été têtue y paraît, et selon Sujeanne elle ne veut peut-être pas se marier.
— Oh... La pauvre...
— Mais chut ! C'est un secret. Il faut surtout pas que ça s'sache, ça pourrait lui causer des soucis. J'suis sûr qu'ils vont la retrouver.
— Et pour les noces, la cérémonie, le banquet ?
— J't'ai dit, on fait comme si d'rien n'était.
— Tu crois vraiment qu'elle s'est enfuie ?
— Bah oui.
— Dans ce cas, j'espère que ça se passera bien pour elle.
— Tin, ils la ramèneront au bercail en moins de deux. Ils y mettent les moyens pour récupérer une princesse impériale, que tu crois ! »

Jaston soupira. Si la princesse avait vraiment mis les voiles, soit elle serait rattrapée, soit tous les préparatifs du banquet ne serviraient à rien. Et l'apprenti ne savait pas trop ce qui était le mieux (ou le pire). Il aurait bien voulu continuer les potins avec Benjan mais à ce moment-là, un ancien compagnon de Pistore, qui avait depuis obtenu une place au palais, arriva pour s'occuper du pain. Éduqué par le maître boulanger, il semblait vouloir en copier les façons. En d'autres mots, fini de chômer.

Post N°4

Précédemment (Thélamon)

Précédemment (Irina)

La robe écarlate de l’Impératrice éclata au bout du long couloir qui menait à l’entrée des serviteurs. Avec la rigueur qui était la sienne, elle inspectait les pièces de service pour s’assurer que tous les domestiques s’affairaient à leur tâche. Elle régnait sur le petit peuple du palais avec une exigence et une fermeté qui ne souffrait aucune indulgence.

Elle connaissait le nombre exact de bougies dans tout le palais, était capable de repérer la moindre tâche oubliée par une serpillière négligente, savait, sans connaître leur nom car elle n’y attachait pas d’importance, exactement quel serviteur était chargé de quelle besogne… Impossible de passer au travers du crible de son œil avisé.

En apercevant l’attelage qui attendait devant l’entrée, elle pressa le pas pour aller échanger quelques mots avec le bourru Intendant du Palais.

Il s’inclina profondément à son approche, jetant un regard sévère aux deux jeunes garçons pour les enjoindre à faire de même.

- La livraison de pain pour le banquet, votre Majesté !

Se tournant vers Jaston et son camarade, il leur murmura en maugréant :

- Remerciez-moi de vous avoir remis dans le droit chemin. Si notre Impératrice vous avait surpris à l’entrée d’honneur… Je vous ai sauvé d’une situation fâcheuse.

Le visage d’Irina se crispa encore un peu plus qu’il ne l’était habituellement. Sa bouche dessina une vilaine grimace de contrariété.

- Du pain ? Renvoyez-le ! Le banquet est reporté ! Le temps qu’il ait lieu, vos miches seraient rassis, siffla-t-elle aux deux livreurs.

Un claquement de talons résonna soudain sur le pavement. Un pas pressé, agacé et déterminé trottait dans leur direction. Les blonds cheveux du Prince Thélamon volaient au-dessus de ses épaules, sa mine renfrognée en disant long sur son état de nerfs.

- Je vous cherche dans tout le palais, ma mère , tempêta-t-il.

Tournant la tête lentement, sans précipitation, avec un contrôle de ses émotions qui n’appartenait qu’à elle, l’Impératrice toisa son fils, tendant sa main en avant.

- Quelle affaire d’importance vous amène de cette vive foulée au point d’en oublier toutes les convenances ?

Se reprenant, le Prince, comme toujours dominé par l’autorité de sa génitrice, prit le temps d’une légère révérence, saisit la main qu’elle lui présentait et y déposa un baiser respectueux.

- Pardonnez-moi, ma mère ! Je viens juste d’apprendre la disparition de ma sœur. Quelle lubie l’a frappée ? Il faut se mettre à sa recherche au plus vite. La pauvre enfant court mille dangers à l’extérieur de ces murs…

Du coin d’un œil vipérin, elle regardait les deux jeunes apprentis, trop insignifiants à ses yeux pour assister à cette discussion familiale.

- Ne parlons pas de cela devant des étrangers, voulez-vous ? J’ai déjà pris des dispositions : les portes de la cité sont closes. Ezabel ne pourra aller bien loin. Toute la garde est à présent à sa recherche.

- Je vous demande l’autorisation de diriger moi-même la battue, ma mère. Je connais bien ma sœur, nous sommes très liés et je crois être le plus à même d’imaginer en quel lieu elle peut avoir trouver refuge.- Vraiment ? Mon pauvre fils ! Comme si vous aviez la moindre idée de ce à quoi ressemble le monde là-dehors…

Le Prince accusa le coup. Décidément, sa mère ne savait pas faire montre de la moindre affection, y compris avec ses enfants. Mais il était le Prince Héritier, bientôt il serait Empereur. A ce moment-là, il saurait bien rabattre l’arrogance de la Douairière. Elle se tiendrait tranquille alors, silencieuse dans son ombre, un pas en arrière.

Pour l’heure, il ferait semblant d’obéir et comme à l’accoutumée, il ferait ce qu’il avait choisi de faire. Pas question qu’il arrive malheur à sa douce, sa tendre, son aimée Ezabel.

Suite (Thélamon)

Suite (Irina)

Post N°4

Le Talmelier ne voyait pas les courant d'émotions qui agitaient l'Intendant, car celui-ci restait impassible. Malgré son âge.

Il se tourna vers les deux apprentis, ouvrit la bouche, la garda ouverte, puis parla. Et Jaston eut l'air très triste sur le coup :

« Vous croyez que c'est à cause de la Pr... »

Benjan l'avait fait taire en lui serrant très fort l'épaule. Son camarade apprenti éloigna ensuite Jaston de l'Intendant et lui souffla à l'oreille :

— Évidemment que c'est la princesse qu'a foutu l'boxon ! Et ça prouve que c'est pas une rumeur... Mais il faut vite qu'on aille prévenir maît' Pistore.

Les deux jeunes gens laissèrent donc là l'Intendant et d'un bond, deux pour Jaston, ils grimpèrent précipitemment sur l'attelage. Au pas, Farine se mit en marche.

·• Suitamment •·