[QL : Sur la piste de Deiman] 1- Rencontre du contact

Post N°6

Hutadoro, de son véritable nom Hugues d'Adaureaux, était l'agent personnel de Han Daekke, son bras armé quand il s'agissait d'affaires délicates. Maître dans l'art de la tromperie et de la discrétion, il avait longtemps servi, enfant et adolescent, le Duc de la Roquette, le renseignant sur les activités de la pègre, et participant à l'élimination de plusieurs de ses têtes. Puis il avait été découvert (la seule erreur de sa carrière), et avait échappé de justesse à ses détracteurs. Plus tard, il les avait éliminé un par un, les connaissant aussi bien qu'ils se connaissaient, ce qui s'était avéré facile. Puis il avait fui, car d'autres de ses anciens amis, moins dangereux, cherchaient tout de même à le tuer.

Il s'était retrouvé à Cosino, alors que la révolte grondait, et avait été protégé par le sabre de Daekke, que ce dernier avait tiré contre les gardes qui tentaient de le punir en lui tranchant les mains pour avoir volé des fruits. Depuis, il s'était soumis avec une fidélité sans faille à l'agitateur, et avait notamment participé au guet-apens contre les chefs de guerre qui avait déterminé l'issue du conflit.

Depuis la fin des combats, Daekke l'utilisait pour assassiner des opposants, ou pour s'intégrer à des groupes de révoltés afin de les décourager ou les diviser. Il était le justicier du Roi, en quelque sorte. Il avait de sa main massacré ceux qui semaient la zizanie. Il empêchait maintenant les héritiers de leurs idées de porter atteinte à la paix.

Quoiqu'il en fut, il était maintenant à la Capitale Blanche, et devait retrouver son contact aux thermes. Celui-ci lui indiquerait où trouver sa cible, Jeriko Deiman, un neveu lointain du feu seigneur du fief Manko, exilé ayant engagé des tueurs pour se débarrasser du Roi Han. Il ne savait rien de lui, mais il devait le trouver au caldarium, vers le coucher du soleil.

Or, le soleil était déjà bas, et Hugues se rendit donc aux bains. L'on lui indiqua où déposer ses effets, et il se déshabilla donc. Entrant dans les bains proprement dits, il choisit de se tremper avant d'aller au caldarium. L'eau fraîche lui fit le plus grand bien, et le décrassa un peu de ses longues journées de voyage, durant lesquels il n'avait guère put que se débarbouiller et se désodoriser assez pour ne pas faire fuir ses compagnons de route.

Puis le soleil descendit assez pour qu'il se rende au caldarium. Il y avait peu de monde. Merde. Son informateur et lui seraient d'autant plus repérables.

Il constata avec étonnement que cette salle était mixte. Plutôt étonnant, dans un lieu où tous se baladaient plus ou moins nus.

En fait, il doutait de la mixité, car il n'y avait que des femmes. Mais enfin, la vapeur masquait ce qui devait l'être selon les normes impériales, ce devait être ça. On ne voyait des gens que le haut. Et qu'est-ce qu'il faisait chaud, par Perséphon !

Ses pensées divaguaient un peu, et il alla s'asseoir pour reprendre ses esprits. Et là, dans la brume, une femme pleine de belles rondeurs surgit, un grand sourire aux lèvres et lui criant :

- Balthazar ! Quelle joie de vous trouver ici ! Depuis combien de temps ne nous étions-nous pas vu ?

Et elle se pencha pour le serrer dans ses bras et l'embrasser, comme une vieille amie (ou une vieille amante). Alors qu'elle lui baisait les joues cinq fois, elle lui chuchota :

- Je sais où est celui que vous cherchez. Retrouvez-moi dans trois jours Rue des Commerces, même heure, devant chez Pistore Clotaire.

Lorsqu'elle eut fini de faire semblant de le saluer avec jubilation, elle l'entretint d'inepties censées être les banalités de sa vie, puis prit congé au bout d'une dizaine de minutes, avec un au revoir tout aussi chaleureux.

- Je vais être suivie. Si vous pouviez me débarrasser de cette emmerdeuse avant notre rendez-vous... Elle vient ici tous les jours.

Puis elle partit, suivie vingt secondes plus tard par un très belle femme rousse. Pas de problème pour se souvenir du corps et du visage de celle-ci, se dit Hutadoro avec un sourire.