[Quête de la Noce] 2 - La Conjuration

Post N°1

Assis sur un banc de bois recouvert de coussins soyeux, devant l’âtre de la cheminée qui dispensait sa douce chaleur, Thélamon était soucieux.

Lui non plus ne souhaitait pas ce mariage et il aurait tout tenté pour le faire capoter. Le trône d’Ilmengard lui était promis et la décision de son père d’unir leurs deux lignées pouvait tout remettre en cause. Qu’un héritier naisse de cette union et sa légitimité incontestable serait sapée. Un enfant, fruit de l’alliance entre les deux maisons rivales, deviendrait assurément le meilleur garant du retour à la paix et à l’unité. Un descendant qui deviendrait le prétendant indiscutable, nuisant à sa propre progéniture, si toutefois elle venait un jour.

Il avait souvent des désaccords politiques avec son père, et cette manœuvre lui apparaissait comme le meilleur moyen de voir s’enfuir la couronne au profit de son rival. C’était pour lui une erreur grossière, un manque de jugement évident de l’Empereur vieillissant. Le vieux lion n’avait plus cet esprit acéré, cette vision aiguisée qui lui avait permis jusque là de faire resplendir son nom. Thélamon piaffait, il était temps que le vieux monarque passe la main, il était temps que le Prince voit venir son propre avènement.

Mais pour l’heure, il fallait agir ! Empêcher coûte que coûte que la noce ait lieu, que ce damné Mélien, son cousin honni, n’emporte avec lui sa belle et douce sœur, le prive de son affection et de sa présence apaisante… Il fallait empêcher cette abomination d’être commise, quelqu’en soit le prix. Ce prix, il le savait, serait celui du sang !

Dans quelques instants, ses plus proches soutiens, quelques seigneurs qui lui sont fidèles seraient là. Avec eux, ils seraient temps de mettre en place le plan qu’ils avaient conçus en secret. Leur conjuration s’éparpillerait pendant les réjouissances pour appliquer le noir dessein qui était le leur.

Mélien et sa suite de fidèles seraient reçus au Palais Impérial avec tous les égards, traités selon leur rang. Tout paraîtrait se passer le mieux du monde et la noce s’annoncerait joyeuse et festive. Aucun d’eux ne se douterait de ce que Thélamon et ses affidés avait ourdi contre eux. Aucun d’eux ne se douterait qu’il n’était pas question qu’ils quittent la capitale vivants.[center]

Mylina entra dans les appartements du prince après avoir toqué légèrement à la porte. Elle huma l’air chaud de la pièce, la fragrance délicate de Thélamon parvint jusqu’à elle. Elle pourrait le retrouver dans une foule rien qu’à l’odeur particulière qu’il dégageait.

La comtesse présenta ses hommages à celui qu’elle considérait comme son réel suzerain. L’Empereur n’était qu’un vieil homme affaibli par les années. Et pourtant, elle l’avait servi avec fidélité les six dernières années. Sa loyauté avait changé justement à cause de l’idée inconcevable du mariage de réconciliation.

La discussion entre les deux personnes tourna rapidement autour du mariage justement. Et, notamment sur la manière pour l’empêcher. Mylina trouvait la solution du prince trop violente, trop sanglante.

Elle en avait bien une, aussi efficace, mais elle doutait de sa réussite. La comtesse connaissait les goûts de Mélien pour les femmes. Et, elle se sentait prête à le laisser salir son corps, à le profaner, pour arriver à ses fins. Elle pensait qu’une fois l’union charnelle consommée, il aurait soif et qu’elle pourrait lui offrir une boisson dans laquelle elle aurait versé auparavant du poison.

Seulement, elle savait que le prince, même prêt à aller jusqu’à tuer son rival et toute sa suite, ne l’était pas au point de sacrifier ses compagnons. Aussi, présenta-t-elle son plan d’une manière différente.

« Tuer Mélien d’une manière aussi violente ne ferait que vous aliéner votre père, son frère ainsi que le peuple. Non, je vous le dis, agir ainsi serait dommageable et pourrait vous éloigner définitivement du trône. Par contre, l’empoisonner au cours d’un repas, cela passerait mieux. Pour les gens du commun, l’empoisonnement est considéré comme un acte naturel pour les puissants tels que nous. Nous pourrions toujours trouver une explication plausible pour la mort soudaine du futur mari. Son cœur affaibli par l’abus d’alcool et de femmes. »

Mylina espérait que son plan siérait à Thélamon. Même si en définitif, elle ne comptait pas le faire empoisonner au cours d’un repas. Car, cet acte serait trop aléatoire. Comment être sûr que seules les assiettes de Mélien seraient empoisonnées et le seraient réellement ? Il serait regrettable que la future mariée, la sœur du prince, Ezabel meurt par exemple.

La femme, la seule parmi les proches du prince, fronça les sourcils en s’étonnant du retard des suivants de Thélamon. Pourtant, cela l’arrangeait, car elle savait qu’ils préféreraient la solution brutale du prince à la sienne qu’ils jugeraient trop fourbe, trop sournoise, trop féminine.

Mais, elle s’inquiétait quand même de leur retard. Se pourrait-il qu’ils aient eu un problème les empêchant de venir ? Mélien aurait-il eu vent de la tentative d’assassinat dont il allait faire l’objet sous peu ? Non, cela ne se pouvait, sinon elle serait déjà morte. A moins qu’il ne soit plus subtil qu’elle ne le pensait et qu’il attende son moment pour intervenir. C’est la première fois qu’elle faisait de la politique à ce niveau, et elle appréhendait de ne pas être au niveau justement. Mylina avait confiance en ses compétences, mais elle ne pouvait s’empêcher d’envisager le pire.

S’inclinant profondément, le jeune laquais, après avoir ouvert la porte qui conduisait au salon privé de Thélamon, s’effaça pour laisser le passage au Duc d’Alène. Aymond saisit son menton d’une main ferme, le forçant à redresser le regard pour planter ses yeux dans les siens.
- Quel âge as-tu, jeune serviteur ?
Balbutiant, le domestique cherchait à fuir le regard scrutateur et malsain du Duc.
- Seize… Seize ans, Excellence !

Aymond détaillait le corps jeune et gracile, comme l’on jauge un animal que l’on souhaite acheter dans un quelconque marché. Sa main caressait la joue du jeune garçon et ses lèvres tremblaient de convoitise.
- Le Prince a bien de la chance d’être entouré d’un bel enfant comme toi… Le rejoins-tu parfois dans sa chambre ?
Avec ingénuité et un peu de niaiserie, le domestique s’étonna.
- Non, Excellence ! Pour… Pour quoi faire ?

Aymond éclata d’un rire aigu en haussant les épaules et pénétra dans la pièce. Thélamon était en compagnie de Mylina de Monriyan, qui ne le quittait pas d’un regard de pamoison. Le Duc s’amusa de l’évidence des sentiments que la jeune Comtesse portait au Prince. Il ne pouvait pas lui jeter la pierre, Thélamon était un très bel homme dont il aurait aimé goûter lui-même les faveurs. Hélas pour lui, son penchant naturel le poussait vers la compagnie des femmes, ce qu’Aymond n’était pas loin de considérer comme une étrange perversion.

- Toute cette blondeur réunie… C’en est presque éblouissant ! dit-il avec cette irrévérence et ce ton provocateur qui lui étaient habituels.
Avec élégance, il s’inclina devant Mylina et la gratifia d’un baise-main.
- Mes hommages, Comtesse !
Puis, se tournant vers le Prince Thélamon :
- Monseigneur, le second de vos soupirants éconduits est à votre service.

Le Prince préféra ne pas relever l’allusion et invita le Duc à s’asseoir. Le groupe de fidèles commençait de grandir. Quand les autres seraient là à leur tour, ils pourraient enfin mettre au point leur stratégie.

Gustan était arrivé la veille, et il serait pourtant en retard. Il était d’humeur morose. La réunion avec le Prince l’ennuyait au plus haut point. Celui-ci avait beau être le fils de l’Empereur, il ne lui devait rien. Par contre, il devait tout à l’Empereur.

Dans sa jeunesse, il avait vaillamment bataillé aux côtés de l’Empereur. Les combats avaient créé un lien indéfectible entre les deux hommes. En remerciement pour sa bravoure et sa loyauté, il avait reçu le comté de Porjoli, des décennies auparavant.

Le comte déplorait de voir celui qu’il appelait son ami tomber dans la décrépitude. Cet homme si alerte, si bienveillant, si dur envers son frère, si juste avec ses compagnons. C’était du passé, en moins d’une année, il avait sombré dans une sénilité douce. La preuve, cette idée de mariage. Jamais il n’y aurait songé il y a quelques mois de cela.

Seulement, c’était sa décision, et le lien les unissant l’interdisait d’aller contre sa volonté. Il ne le pouvait car il n’avait su ramener son vieil ami à la raison. Il n’avait pu le convaincre de la folie de cette entreprise. Il ne restait donc à Gustan qu’à faire en sorte que l’Empereur voit l’accomplissement de son souhait.

C’est pour tout cela que Gustan était de mauvaise humeur. Il se rendait dans les appartements de Thélamon, non pas pour l’aider, mais pour l’empêcher de commettre l’irréparable : défier ouvertement son père et le décevoir. Il désirait faire échouer la tentative de sabotage du mariage.

Plusieurs problèmes se posaient pour cela. La façon d’agir, seul ou en prévenant l’Empereur. Le moment, à l’instant présent, dès qu’il aura suffisamment de détails, ou seulement lors de la tentative. Sa survie cependant ne faisait pas partie des problèmes. Mourir en aidant son ami était la plus belle mort qu’il pourrait avoir. Elle serait à la hauteur de la longue vie qu’il avait vécue.

Le comte respira profondément, et entra sans frapper en poussant fermement le battant. Il était en retard comme il s’y attendait. Pas autant qu’il le pensait pourtant. Seules deux personnes étaient déjà présentes, la comtesse Mylina et le duc Aymond. L’estime qu’il leur portait avait disparu en les voyant là, prêts à comploter contre leur maître, l’Empereur.

« Qui attend-on encore ? » demanda-t-il d’une voix bourrue sans saluer qui que ce soit.

Il savait qu’il n’avait rien à craindre pour l’instant. Aucun risque d’être découvert. Seulement, s’il pouvait passer le moins de temps dans cette pièce avec ces gens, il ne s’en porterait pas plus mal.

Post N°1

Voilà enfin l’occasion que j’attendais depuis de si longues années. Celle qui me permettrait d’acquérir ce qui m’était dû. Être le fidèle suivant de l’Empereur m’avait bien aidé à obtenir un lopin de terres conséquent. Mon marquisat m’avait permis d’agrandir ma fortune et ainsi d’en employer une partie pour entretenir une armée conséquente.

Mais, mon meilleur investissement était l’engagement de mercenaires. Une petite troupe de guerriers se vendant aux plus offrants. Et, j’étais celui qui payait le plus présentement. Parmi eux, il y avait une jeune recrue prometteuse. J’avais décidé de garder un œil sur elle.

Trêve de dispersion ! Je me rendais dans les appartements du Prince pour assister à la réunion qui déciderait des actions à mener pour mettre hors-circuit ce minable de Mélien. A présent, tout se jouait entre ce dernier et Thélamon. Leurs pères respectifs étaient hors-jeu, trop vieux et rouillés pour être capable de quoique ce soit. Ce mariage était leur seule carte à jouer, et c’était un deux. N’importe quoi pourrait la battre.

Je rencontrai un serviteur à l’air hagard qui me bouscula. Confus, il se confondit en excuses. Le mal était fait, et seule une punition rachèterait sa faute. Je n’avais pas le temps de m’amuser aussi me contentais-je de son identité. Cet endroit était fort mal tenu, jamais cela ne serait arrivé dans ma demeure. J’étais pourtant sûr que cela ne se reproduirait plus avec ce jeune homme.

Un coup sec à la porte, et on m’ouvrit. J’entrai après m’être fait annoncer. Le protocole est le seul code que je respectais. On me présenta donc aux personnes présentes. Puis, elles se présentèrent à leur tour. La comtesse de Monriyan d’une voix affable, le comte de Porjoli sèchement et ensuite le duc d’Alène avec un sourire faux.

Ainsi, voilà les fidèles du Prince. Je les jaugeai d’un regard. Et la conclusion fut rapide, seul Gustan pourrait me poser problème. Les autres étaient trop imbus d’eux même et surtout inexpérimentés. Avec lui, la flagornerie ne passerait pas.

Je ne m’en inquiétais pas outre mesure. J’étais toujours sorti vainqueur de mes affrontements, quels qu’ils soient. Certains au terme d’une lutte acharnée au cours de laquelle j’avais suffisamment appris pour faire pencher la balance de mon côté. De plus, la chance était toujours en ma faveur.

Mes atouts, ma réactivité, mon intelligence et ma chance, ne m’avaient jamais fait défaut. Ce n’était pas demain la veille que cela arriverait.

« Les présentations d’usage étant faites, pouvons-nous passer aux choses sérieuses ? Le temps nous est compté, Mélien et sa suite doivent arriver dans ces murs aujourd’hui même. Nous ne pouvons nous permettre de perdre ce temps qui nous est si précieux. Donc, l’un d’entre vous a-t-il un plan précis que nous pouvons exécuter sans anicroche. »

Je savais par avance qu’il serait d’une banalité affligeante. J’aurais pu le parier, j’aurais remporté la mise. Sortir un triple-six aux dés serait plus probable qu’obtenir une bonne idée de ce ramassis d’incompétents. Cela m’arrangeait, je pourrais les doubler plus facilement.

C’est donc assis dans un fauteuil près de l’âtre diffusant une chaleur étouffante que j’attendis les mauvaises idées qui n’allait pas tarder à fuser.

Suite

Le dévot Phélys arriva à son tour. Croyant en Téléphane, le dieu bienveillant ilmengarde, il avait calqué sa vie sur ses principes. Bon, il l’était jusqu’à la moelle, et il pensait que la famille impériale l’était de même. Il lui était inconcevable qu’ils soient des suppôts de Perséphon.

Pourtant, force lui était de constater que le malin avait corrompu son Prince. Le démon avait eu raison de la bonté de Thélamon. Le jeune homme était un modèle de vertu la dernière fois qu’il l’avait rencontré. C’était il y a déjà cinq ans, le jour où il avait hérité de son comté à la mort de son père.

Son retard se justifiait par les prières qu’il avait rendues à son dieu. Il lui avait demandé de sauver l’âme du Prince et de le ramener sur le droit chemin. Phélys savait qu’il lui faudrait agir car Téléphane ne faisait qu’aider, il n’agissait pas à la place d’autrui.

Il était entré dans les appartements princiers, annoncé par le laquais de Thélamon. Il vit de suite qu’il était le dernier arrivé. Il s’excusa donc de son retard impardonnable. Il ferait acte de contrition après la réunion. Le comte observa tour à tour la belle Mylina, le fantasque Aymond, le sérieux Gustan, le sévère Elias puis le prince possédé.

En voyant le jeune homme assit au milieu de tout ce luxe, un sourire satisfait ornant son visage, sa résolution de le sauver se réaffirma. Il ne savait comment il allait s’y prendre, mais il avait confiance en son dieu pour lui souffler la solution au moment opportun. C’est donc confiant qu’il rejoignit le groupe.

Ils étaient tous autour de la cheminée dont le feu faiblissait mais dégageait la chaleur adéquate. De temps à autre, le bois crépitait, projetant une braise s’échouant sur le parquet ciré près d’un tapis moelleux. Il représentait une scène de chasse, un lion à la crinière dorée en haut d’une colline traqué par des hommes à la peau couleur d’ébène armés de lances courtes au fer large. Un cadeau à l’Empereur par une tribu barbare.

Où que Phélys pose le regard, il tombait invariablement sur des offrandes faites à Amicar. Ce dernier, en ayant une pléthore, les avait utilisées pour garnir les appartements impériaux. Sans se soucier d’une quelconque harmonie ou beauté dans l’aménagement. Une statue d’une femme nue taillée dans une roche blanchâtre à côté d’un vase aux motifs floraux colorés le prouvait.

Il se rendit soudain compte qu’il s’égarait, qu’il s’éloignait du but premier de sa visite. Pour sauver le Prince, il devait tout d’abord savoir ce que celui-ci voulait faire.

« Veuillez pardonner mon absence momentanée. » s'excusa-t-il. « J’en suis désolé. Cela ne se reproduira plus. Vous pouvez continuer, je suis tout ouï. J’ai compris qu’il fallait empêcher ce mariage, mais comment allez-vous vous y prendre ? »

Phélys ne put empêcher son esprit de vagabonder tout en écoutant d’une oreille la discussion. Il n’y a que lorsqu’il fait acte de dévotion qu’il est concentré.

Post N°2

Le groupe était enfin au complet et la discussion s’annonçait animée. C’est le moment que choisit un domestique pour surgir et venir murmurer à l’oreille du Prince. Celui-ci le renvoya d’un geste sec et se tourna vers les conjurés d’un air sombre.

- Chers amis, nous allons devoir remettre notre réunion d’état-major !

Sur les visages de ses fidèles, Thélamon put distinguer toute une batterie de sentiments : rage contenue pour les uns, soulagement pour les autres, agacement, stupeur, amusement,… Personne n’imaginait ce qui pouvait justifier d’interrompre une discussion si primordiale. Leurs ennemis étaient dans la place, il n’y avait plus de temps à perdre à tergiverser.

- Mon auguste père nous fait l’honneur de nous recevoir tous ensemble. Nous devons nous rendre à l’Audience.

Tandis qu’il se levait, Aymond s’avança vers lui, un éclat soupçonneux dans le fond de son œil.

- Que voulez-vous dire par tous ensemble, Monseigneur ?

Le Duc d’Alène avait déjà vécu des Audiences Générales de l’Empereur et il n’ignorait pas que le souverain se dérangeait rarement plusieurs fois. L’évidence le frappait et commençait apparemment de s’insinuer dans l’esprit des autres, à en juger par la manière dont ils entourèrent le Prince, un désir d’explication clairement affiché sur leurs mines décidées.

- Je veux dire que Mélien et sa suite seront reçus en même temps que nous.

Une vague de murmures submergea la pièce.

Gustan vit là une possible occasion de faire renoncer Thélamon à son funeste projet. S’il pouvait glisser quelques mots personnels à son vieil ami, peut-être pourrait-il calmer les ardeurs du fougueux héritier.

Mylina était ravie de l’occasion de côtoyer leurs adversaires. Elle pourrait ainsi les juger un par un, cherchant lequel serait une faiblesse pour son camp et la cible privilégiée d’un coup fourré de son imagination.

Le Marquis de Suss-Mayern explosa :

- Il n’est pas question que je séjourne dans la même pièce que cette bande de rebelles !

Aymond vint tout près de lui, le visage presque collé contre sa joue, pour instiller lentement le venin de sa fourberie.

- Allons, Marquis ! Vous ne voulez tout de même pas commencé une partie de cartes sans voir les joueurs adverses. Leurs figures vous seront une précieuse indication sur la qualité du jeu qu’ils ont en main…

Elias se recula vivement, dégoûté par la proximité de la perversion du Duc. Sans répondre, il se contenta de hausser les épaules.

- Elias, pendant les festivités, vous n’aurez pas d’autre choix que de côtoyer les Schismatiques… A vous tous, je demanderai de mettre de côté vos rancoeurs et vos griefs. Nous afficherons comme il se doit la plus extrême politesse et nous leur opposerons un front uni et solidaire. Je veux qu’aucun d’entre eux ne se doute qu’il vit ces derniers jours.

D’un pas vif, il quitta la pièce pour cheminer longuement dans le dédale du palais jusqu’à l’Antichambre où ils attendraient d’être reçus. Impatients ou traînant les pieds, tous les autres le suivirent.

Suite

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