Ici, les hivers sont glacés, les printemps froids et humides et les étés rarement cléments… Ici semble finir le monde, dans ces hautes montagnes au manteau neigeux perpétuel, dans ces plaines blanchies par le givre et soufflées par la bise…
Et pourtant, les clans sont nombreux, peuplés par des hommes rudes et batailleurs. Ici, jamais la guerre ne semble cesser… Les frères massacrent les frères, les voisins brûlent les voisins car ces hommes n’ont qu’un seul Dieu : Hodan, le Dieu-foudre, le Dieu-roche, le Dieu-marteau. Et chacun de ses combattants n’aspire qu’à entrer dans le royaume d’Hodan, ouvert aux seuls guerriers morts au combat.
Vertinge, fils d’un de ces multiples Seigneurs des glaces, prit la tête de son clan à la mort de son père. Par ces victoires, il acquit rapidement une renommée éclatante. Hodan soutenait son épée et lui donnait la force de vaincre tous ses ennemis.
Il tourna ses appétits vers les royaumes voisins, commanda des raids meurtriers mais lucratifs et la terreur qu’il inspirait même au grand Empire d’Ilmengard lui offrit un prestige si grand que tous les chefs de clan finirent par reconnaître sa suprématie. Eux aussi voulurent profiter du fruit des pillages qu’il savait diriger, des rapines fructueuses qu’il savait mener… Tous vinrent s’unir sous sa bannière dans une grande Alliance des Chefs du Nord, et ils lui octroyèrent le titre de Roi.
Il fit bâtir sa capitale dans le ventre de la montagne. Dans cette cité troglodyte, enfin les hommes étaient épargnés par la rigueur du climat. Enfin, ils pouvaient s’épanouir en toutes saisons, en jouissant de la température constante de la roche qui les couvraient. La grande cité souterraine était une puissante forteresse imprenable et aucun chef ne serait en mesure de disputer le pouvoir à Vertinge tant qu’il régnerait depuis le cœur du rocher.
Maintenant qu’il avait assuré sa domination sur sa nation toute entière, le jeune Roi gardait encore une ambition, folle peut-être, mais profondément vissée à son âme : il voulait faire émigrer son peuple vers le sud où il pourrait agrandir son nouveau royaume sur des terres plus fertiles, dans un climat plus propice à l’établissement d’une population à la démographie croissante.
Pour la première fois, un adorateur d’Hodan ne souhaitait pas la guerre pour complaire à sa divinité, n’était pas mu par le désir de destruction, mais souhaitait établir son peuple de guerriers sur un sol où il pourrait s’agrandir et prospérer.
Et pour cela, il faudra s’emparer d’une partie de l’Empire !