[Quête de la Noce] 13 - La Fuite (Quatrième partie) Descente dans les égoûts

Post N°22

En tout, leur escorte comportait six hommes. Quatre les encadraient tandis que deux étaient partis devant s’assurer que le chemin était dégagé. Après un certain temps, ils arrivèrent devant une bouche d’égout dans une ruelle sombre non loin du fleuve. Les types l’ouvrirent rapidement et quatre disparurent à l’intérieur. Pendant ce temps, le chef leur expliqua qu’ils passeraient par une partie abandonnée des égouts qui avait été inondée il y a quelques années à la faveur d’une crue, formant une sorte de bras mort du fleuve. La jonction avec le fleuve proprement dit se ferait un peu après les murs, à l’extérieur de la ville donc.

Sans vouloir donner trop de détails, le contrebandier leur expliqua qu’il leur laisserait une barque et que le paiement s’effectuait maintenant à hauteur de dix écus par passager.
Ezabel s’éloigna légèrement et remis la somme de quarante pièces d’or, Daneel lui ayant appris que les Brawen resteraient en ville.

Ceci réglé, les deux frères s’engouffrèrent dans la brèche en compagnie du frère Pierre-Ami suivit des deux derniers trafiquants. Ils avaient eu leur paiement et ne craignaient pas de ne pas être suivi.
Daneel fit signe la guerrière qu’il fermerait la marche, aussi commença-t-elle à descendre, suivit de près par Ezabel. Daneel arrêta cette dernière d’une main sur l’épaule pour lui chuchoter une dernière recommandation.

Nous entrons à présent dans un monde qui t’es étranger. On ne peut se fier à personne hormis quelques élus. Réfléchis, écoute ton instinct et sois prudente. Mais n’aies pas peur de faire aussi des erreurs, nous serons là pour te guider et les rattraper. Ici commence ton voyage initiatique. Tu y entres jeune fille, peut être en sortiras-tu femme.

Il relâcha la jeune femme en exerçant une légère pression vers l’avant, lui indiquant par là qu’elle pouvait descendre. Il ajouta néanmoins, parce qu’il trouvait que ça sonnait vraiment bien pour le début d’une telle aventure, d’un tel apprentissage :

Bienvenue dans le monde réel.

Post N°3

Dans les égouts, les Brawen se sentaient parfaitement à l’aise. Ils y venaient bien moins souvent mais l’habitude était restée. L’obscurité, les odeurs, le sentiment d’enfermement, tout ça ne les gênaient pas, ils ressentaient au contraire la douce chaleur que procure la sécurité d’un endroit familier. La zone vers laquelle ils se dirigeraient, ne servant plus, serait en plus relativement propre, nettoyée par les diverses montées des eaux des dernières années.

Quand Gehanne, suivie par Ezmaline et Daneel, les eu rejoint, le groupe se mit en marche. Les contrebandiers ouvraient la marche en silence en compagnie des Brawen. Seule une lanterne abritée sous un tissu diffusait de la lumière, et, celle-ci étant à l’avant, la fin du groupe se mouvait dans un noir presque complet, entrecoupé parfois par la clarté lunaire qui passait par de rares et étroites ouvertures.

A la fin du groupe, Daneel n’était pas dans un état de vigilance accrue, du moins, par en direction de leurs dos. Moins à l’aise que les Brawen, il n’était pas non plus dépaysé et il savait pertinemment qu’il y avait beaucoup plus de chances que les contrebandiers tentent de s’en prendre à eux qu’une menace venue de l’extérieur ne survienne. C’était dans ces cas là que la réputation des deux frères était primordiale.

A quelques pas, Gehanne avançait, sur le qui-vive, et entre les deux, Ezabel. Elle avait la démarche mal assurée mais le mercenaire saluait son courage, en l’espace de quelques heures, son décor avait bien changé. Il avait pu croiser son regard en bas de l’échelle. On y lisait une certaine frayeur qu’elle essayait d’atténuer dans les soutiens silencieux qu’elle lisait en lui et en Gehanne. La rapidité du changement l’aidait peut être en un sens. Terrorisée, elle suivait le mouvement en se reposant sur ceux qui avaient surgis dans sa vie.
D’ailleurs, Daneel espérait qu’il pourrait se poser un peu dans pas longtemps. La taverne avait été une étape bienvenue, mais l’endroit prêtait peu à un relâchement de vigilance.

Devant lui, Ezabel tressaillit, et Daneel compris quand, à son tour, il marcha dans l’eau. Un peu plus loin, les Brawen et leurs accompagnateurs s’étaient arrêtés.

Les Brawen se tenaient devant deux barques, de l’eau jusqu’à mi-mollet environ. Eux et deux contrebandiers se mirent dans l’une, Daneel, Gehanne, Frère Pierre-ami et Ezabel montèrent dans l’autre. Les frères, silencieux comme ils ne l’étaient qu’en mission, virent Daneel et Gehanne échanger un regard, puis, Daneel prit les rames et fit face à l’arrière de la petite embarcation. Ezabel s’installa en face de lui, le religieux dans son dos tendit que Gehanne se posta à la proue. Elle guiderait Daneel de la voix en cas d’obstacle, mais serait aussi la seule à pouvoir réagir immédiatement en cas d’attaque.

La barque des Brawen ouvrit la route à un rythme modéré sur le calme de ces eaux souterraines. Le cours d’eau gagna rapidement en profondeur, ce qui fait que dès les premiers coups de rames, ils ne risquaient plus de toucher le fond. Ils empruntèrent une succession de tunnels d’autant plus bas qu’ils avaient été construits avant que l’eau ne s’y installe. Au bout du chemin, ils parvinrent à une grille circulaire qui était, comprirent-ils, incrustée dans le mur de la cité. Le cours d’eau passait négligemment entre ses mailles larges et devenait un petit ruisseau qui rejoignait le fleuve quelques centaines de pas plus loin.
L’un des contrebandiers sauta dans l’eau et ouvrit la grille par un mécanisme invisible. Difficile de dire si elle avait été mise là pour éviter une inondation des égouts ou si elle datait de la construction du mur. Toujours est-il que les malfrats avaient fini par découvrir ce point faible de la muraille et s’étaient débrouillés pour rendre la grille ouvrable quand le besoin s’en faisait sentir.
Les deux frères étaient d’ailleurs ébahis. Une sacrée bonne combine !

Daneel arrêta la barque juste avant la grille, pour saluer les Brawen.

Je vous confie la guilde en mon absence les frangins, à vous deux et à Roxie. Prenez soin de vous.

- Merci Daneel, ça nous touche.
- Vache, je crois que j’ai le regard qui se trouble.
- On te décevra pas Daneel, t’es notre meilleur pote.
- Un Brawen n’a jamais déçu un ami.
- Pas que la famille en ait eu beaucoup non plus.
- Oui, mais justement, l’ami d’un Brawen, c’est comme un Brawen.
- Prends soin de la petite, elle deviendra peut être comme un Brawen un jour elle aussi.
- Ne vous faites pas de bile, M’zelle, vous êtes avec Daneel, avec lui, on rigole souvent et on s’en sort toujours.

Et sur ces paroles rassurantes, Daneel remit un puissant coup de rame qui fit basculer la barque à travers la grille. Là, dans la nuit, la rame bien aidée par le léger courant qui les ferait rejoindre le fleuve, Daneel inspira profondément.

Sentez-vous cette odeur vivifiante Ezmaline ? Ce qui se cache dans la fraicheur de l’air ? L’odeur de la liberté. Décidemment, les grands espaces me manquaient.

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