[QL: L'Odyssée du Désert] 1 - Ambassade de Keustatinopol

Le Comte sourit au Duc. Il avait planifié de visiter Castel-d'Uzas mécaniquement, parce que c'était son intérêt objectif et inconscient tellement bien compris qu'il n'avait pas besoin d'une réflexion active pour tenter de le faire. Mais le Duc avait parfaitement géré la situation : il avait conservé tout l'avantage que lui conférait présentement la situation géographique de son fief. Assurément, le jeune homme était à la hauteur de sa charge. Et, bien qu'il fût son adversaire politique, le Comte s'en réjouissait, car si pour l'heure la scission ilmengarde était essentiellement politique, au moins pouvait-il se consoler en songeant que si elle prenait un mode religieux, alors le jeune homme serait dans son camp.

Mais peu importait pour l'heure : il ne pouvait que s'incliner et dire :

- Alors soit. Je tâcherai de faire au plus vite et je devrais être en votre Duché en temps et en heure.

Alors, le jeune Comte se rendit compte soudain de son exaltation. Il avait presque envie de partir tout de suite pour le désert, sans cadre ni accompagnateurs, libre.

Post N°16

Heureux d'être parvenu si vite à un accord, il dit au revoir au comte, respectant tous les protocoles d'usage. Aussi impatient que semblait l'être Juin, Folhardeur avait hâte d'être dans le désert. La perspective du voyage l'envahissait de sensations comme à chaque nouvelle aventure ; son estomac fourmillait d'excitation, et son cœur se dilatait d'enthousiasme. Partir au devant de terres inconnues, fouler le mystère et côtoyer la découverte, c'était là que se trouvait son plus grand bonheur.

Ainsi, c'est peut-être d'un voix un peu trop vibrante qu'il demanda à ses invités keustatins de le suivre ; il sortir d'un pas vif de l'ambassade pour se rendre à son hôtel particulier, situé quelques rues plus bas, sans prendre le temps de regarder si les émissaires le suivait.

Sa demeure en la capitale blanche n'était pas aussi luxueuse et aussi bien placée qu'en la Capitale Grise ; mais il était rare qu'il y reste longtemps. S'adressant au maître de maison, qui avait la garde du bâtiment en son absence, il lui transmit les instructions concernant le bateau à mettre à disposition pour le Comte de Fonlenoy.

Il grimpa ensuite sur un de ses étalons favoris, Hesiante, qui lui servait habituellement de destrier. Massif et puissant, il était issu des écuries ducale de Castel-d'Uzas ; ayant entendu et lu nombre de merveilles sur les chevaux du désert, il espérait d'ailleurs, durant son voyage, obtenir d'en ramener quelques uns pour faire des croisements prolifiques. Deux chevaux avaient également été sellés pour les Seigneurs du Désert.

Ils prirent ainsi la route des quais, où les attendait une embarcation fluviale, à fond plat, à voile triangulaire et dotée d'une équipe de rameurs puissants. Remonter l'Ilmenia n'est pas chose aisée ; même si les plus forts courants se trouvent dans les Hautes Terres, quelques lieues après Ezul.

Lorsqu'ils eurent tous embarqués, chevaux et hommes, et que le capitaine fit larguer les amarres, le Duc d'Uzas déclara à l'attention des Emirs, toujours d'une voix exaltée à outrance :

- Messires bienvenus à bord ! Prochaine destination, Castel d'Uzas !

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Post N°25

Lorsque Folhardeur, qui portait bien son nom, partit comme un coup de tonnerre, il ne laissa guère de temps à Hassal pour le suivre. Ce dernier lança juste à Sahla, dans la langue du désert :

— Fait parvenir mes biens, des cadeaux, ainsi que les guides et l'équipement pour le désert à Castel Uzas. Tâche d'envoyer des présents équivalent à Fonlenoy pour ne vexer personne.

Puis il était parti.

Sahla soupirant restait là auprès d'Aegidius Juin.

— Ah, les jeunes !

Il salua le comte bien bas, au nom de Keustatinopol et s'en retourna aux affaires courantes et administratives, alors que déjà les serviteurs commençaient discrètement à nettoyer la place, le départ de l’Impératrice ayant été synonyme du départ de la plupart des invités.

Hassal de son côté était auprès d'Âmiaz Folhardeur, qui sans doute devait penser que les deux Emirs l'avait suivit. Hassal, seul, lui répondit simplement lorsqu'il annonça la destination :

— Vous méritez bien votre nom, cher Duc. J'espère que vous ne m'en tiendrez pas rigueur d'avoir fait envoyer mes affaires et suivants à Castel Uzas, sans vous prévenir...

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Somme toute, Aegidius avait vraiment bien fait de se rendre à cette réception. Néanmoins, le temps pressait : il devait trouver un moyen d'empêcher son Conseil de faire n'importe quoi pendant son absence. Aussi, après avoir salué l'Emir avec grande déférence et plus rapidement les quelques notables de sa connaissances qui eux aussi partaient, le Comte s'éclipsa, ne prenant que le temps de passer par l'échoppe de l'armurier auquel il avait commandé ses armes afin que ce dernier prît ses mesures puis par son hôtel assez modeste pour ordonner que l'on fît suivre ses affaires avant de partir lui-même à vive allure et avec une escorte réduite vers Fonlenoy.