Ruang rapat

Askar, pourquoi?

On ne pourra pas la lui cacher éternellement. Les deux dernières fois, Ibu Alam était de notre coté mais là, ce ne sera pas possible.
D'autant que Bunga ne pourra pas jouer les interprètes cette fois.

Mais Ambisi, sa fille, s'est proposée et elle parle mieux la langue...

En effet.
Seulement, elle ne connait pas aussi bien Pangkuan Ibu'Alam. Elle ne jure que par le continent au point d'avoir presque renié notre mode de vie.

Mais Askar...

Ma chère Kemanisan, il ne la connait pas. Il ne sait même pas qu'elle existe.

Mais...

Quelqu'un frappa à la porte.
Entrez!

Cahaya ouvrit.
Père. Mère.
Je fis une révérence. Mon père me convoque rarement dans la salle du conseil de notre domaine.
Cinta m'a dit que vous vouliez me voir?

Ferme la porte et approche mon enfant.

Oui, Père. Elle obtempéra.

Tu as dû entendre parler de l'arrivée prochaine du Seigneur Arthas.
Cet homme dirige la province d'Ermaudine d'une main de maître et il vient nous rendre visite assez souvent accompagné d'une certaine quantité d'érudits et de religieux. Ses visites sont d'un grand intérêt car il a l'esprit plutôt ouvert pour un régnant d'Ilmengard.

Bunga, m'en a parlé durant ses cours, mais je ne savais qu'il venait si souvent que ca.

Depuis ta naissance, il est déjà venu à deux reprises.

Ah oui? Je ne l'ai pourtant jamais aperçu.

La première fois, tu portais encore des langes et la seconde, c'était durant la période de ton Pertama darah.
Pas de chance, lorsque nous saignons, nous restons enfermés dans notre foyer.
Le Seigneur Arthas donc, aura besoin d'un interprète pour son court séjour parmi nous.
Je sais que le Tari te prend pas mal de temps, néanmoins, tu as été désigné ainsi qu'Ambisi pour lui servir de guide.

Merci Père pour cet honneur, je tacherai de m'en montrer digne.

Je n'en doute pas ma petite Lumière. Il souriait.

Mère, en revanche, n'en semblait pas heureuse. Ses yeux brillait d'une émotion catastrophée que je n'arrivai pas à comprendre.

Huit personnes étaient réunis...
Presque tous basanés et cheveux aigles de corbeau...
On aurait pu croire qu'ils étaient tous de la même famille.

Je vous ai réuni aujourd'hui afin de préparer la visite du seigneur Arthas d'Ermaudine.
Nous allons comme à chacune de ses visites lui présenter les ressources de Pangkuan Ibu'Alam.
Nos textiles, nos chevaux, la tannerie, nos teintures et nos remèdes pour l'essentiel.
Je ne sais pour le moment combien de temps il restera parmi nous néanmoins nous lui feront le meilleur accueil...

L'une des personnes présente intervint. Et pour le mariage?

Et bien ma chère Sutéra, il y assistera comme le veulent nos traditions.

La réunion se poursuivait...
Chacune des personnes présentes exposant à leur chef les avancées dans leur domaine de prédilection...
Vint le tour de Mencari, celui qui se disait historien et archéologue Marga. Tous le prenait pour un illuminé, néanmoins, ils l'écoutaient car il était à l'origine de certains des progrès à Pangkuan Ibu'Alam.

Chef Askar.
Je ne sais pas si l'instant est propice à mes révélations, néanmoins, je voulais vous informer de mes dernières trouvailles.
Comme vous le savez, depuis 3 ans, je poursuis mes recherches au Sud de notre territoire.
Il se leva et déplia une carte qu'il montra à l'assemblée.

Avec l'aide de Bintang, de nouveaux troupeaux de chevaux sauvages, ici et ici, ont pu être trouvé.
Là, des plantes qui me sont inconnues poussent en abondance. Certaines d'entre elles portent des fruits.
Regardant Askar, il dit: Je n'ai pas osé y toucher mais je demande l'autorisation d'emmener un ou une herboriste avec moi lors de ma prochaine expédition en ce lieu.

Si tu repars quelques jours après les noces, j'accèderai à ta requête.

Merci, grand guerrier.

Autre chose?

En effet... Après une minute de pause, Mencari continua...
A quinze lieues des dunes Bulan, j'ai découvert récemment des vestiges comportant des symboles qui ressemblent fort au dialecte de nos ancêtres.
Il sorti une feuille d'arbre sèche de sa poche et s'approcha de Kemanisan, la femme-medecin.
Voila quelques un de ses signes.

Cette dernière hocha la tête.
J'en ai déjà vu quelques uns. Et vous dites les avoir découvert à quel endroit?

Tous s'étaient exprimés...

Askar était maintenant prêt à recevoir la visite du seigneur vivant de l'autre coté du Grand Chenal.
Les préparatifs pour son arrivée prévue au lendemain étaient déjà en cours et cette réunion avait pu montrer que la "richesse" de la culture Marga pouvait pour encore quelques temps subsister face à celle du continent.

Askar n'était ni aveugle, ni dupe. Il se doutait que l'Ilmengard voisin influençait ses Frères. Il savait aussi que l'ouverture d'esprit d'Arthas était un bienfait qui ne pouvait qu'aider les Margas à grandir. Il n'avait aucunement envie de voir les siens être engloutis par les seigneurs fiers de leur Empire, néanmoins, être totalement réfractaire serait une aberration.
Voila pourquoi, il tentait de maintenir les us et coutumes de Pangkan Ibu'Alam en les mêlant habilement de quelques techniques et sciences apprises dans les ouvrages apportés par Arthas lors de ces derniers voyages.

Il embrassa la salle du conseil d'un regard circulaire puis levant la main et se mettant debout à son tour.
Marga, nous sommes sur le point d'accueillir une fois de plus le seigneur Arthas parmi nous.
Recevons le avec nos trésors qui même s'ils ne sont pas d'or, sont toutes notre existence.
Allez vous reposer, demain et les jours qui suivront ne nous en laisserons que peu le luxe.
Soyez fiers de ce que vous êtes mes Frères; artisans, artistes et érudits de notre peuple.
Les yeux des huit personnes présentes brillèrent après le discours de leur meneur. Six d'entre elles hochèrent la tête et s'en furent l'un après l'autre.

Seuls ceux de Kemanisan ne montraient aucune joie, ils étaient embuées. Ce n'étaient que les larmes retenues qui leur donnaient cette brillance.
Resté seul avec elle, il l'a pris dans ses bras et la serra tendrement contre lui.
Ne pleure donc pas mon amour.
Notre petite Cahaya est baignée par la vie d'ici depuis sa naissance...
Il lui effleura les cheveux en lui embrassant le sommet du crane.
C'est une Marga, l'une des plus fière que ne n'ai jamais rencontré...
Notre culture et nos traditions sont ancrées en elle.
La femme leva la tête doucement vers son époux. Il lui caressa alors le visage, récupérant une des larmes qui coulait doucement, du bout d'un de ses doigts.
Aie confiance...
Elle soupira.

Rentrons chez nous.