Chroniques d'Iz'Naq : La volonté de Zul'Kiraj

Au coeur de la tour d'Avakor, un homme âgé enchaîné tombait incliné de force. Le Roi et les Généraux, à l'instar d'une meute de loups sur une proie facile eurent un rictus terrifiant, à l'exception de Mesh'Dar qui s'en torchait royalement. Le garde s'approcha du Roi, il tomba prosterné et attendit docilement le signal du Roi, celui-ci lui fit signe de se lever.

Le garde prononça alors, en manquant de balbutier à chaque mot : Votre Grandeur, nous avons capturé le grand prêtre Karonnien comme vous nous l'aviez demandé. Quels sont vos ordres, Majesté ? Le Roi, en guise de réponse lui fit un geste de la main de se retirer.

Vous n'échapperez pas aux conséquences de vos méfaits ! Protesta Il'Yoh.

Qui vous a autorisé de parler, incrédule ? Lui reprocha Zorkan avec un dernier mot, dégageant du mépris.

Votre âme ne supporte pas la vérité manifeste qui s'abbatera sur vous un jour ou l'autre et c'est pour cela précisément que vous me demandez de me taire, vous niez volontairement et essayez de l'oublier !

Zorkan, irrité par l'impudance du religieux, gronda : Que périsse ta langue, espèce de..

Suffit ! Cria le Roi, ce seul mot prononcé de sa bouche fit plonger tout le monde dans un silence contraint. Le Roi allait parler, Zorkan n'eut de choix que de se calmer, Forka, un sourire amusé aux lèvres, regardait le Roi avec intérêt, Vera eut un petit frisson et Mesh'Dar restait indifférent.

Je ne lui ai accordé mon audience, que pour qu'il adopte notre religion. Sinon l'aurais-je tué sous la torture aussi bien que les autres, sans ambages. Mais voyez-vous, ce pauvre petit personnage a nettement refusé notre grandiose religion, qui comparé à leur religion, n'est qu'humiliation et déshonneur. Ce que j'ai entendu me suffit amplement pour vous classer dans la catégorie des opposants, et qui dit opposant, dit persécution. Sur son visage apparu un sourire carnassier. Je suis profondément désolé, pourtant je dois vous avouer que j’espérais plus en vous, j'étais prêt à vous nommer Général. Zorkan, ne pu s'empêcher d'afficher une grimace de dégoût. Cependant, on perd une chose et on en gagne une autre. Forka, jeta un coup d'oeil vif à la grande coupe.

Il'Yoh ne se laissa pas intimider par la prestance du Roi, il demanda : Qu'est-ce que vous racontez ? Que voulez-vous dire par là ? Je n'ai pas peur de vous !

Il n'eût en tant que réponse que le regard poignant du Roi. Vera scruta du coin du regard le Roi, son visage exprimait une inhumanité inquiétante, ses traits durs faisaient qu'aucune créature n'espèrait sa pitié car elle demeurait inexistante en cet homme. Il prenait plaisir en ôtant les vies très lentement afin que la souffrance soit insupportable. D'un geste de la main, les gardes, obeissants au doigt et à l'oeil, s'emparèrent de l'homme puis le trainèrent dehors, le bruit tonitruant des chaînes se faisant entendre jusqu'à que le portail se referma.

Zorkan en fut ravi, se débarasser de son concurrent aussi facilement alors que ses prédécesseurs échouèrent à maintes reprises, c'était un évenement historique, le grand prêtre Karonnien venait de tomber. En ce moment même, nous règnons sans partage sur les fidèles, tout le monde est Kirajien, à nous la gloire !

Il déclara au Roi ce que lui même pensait : Votre Eminence, il est temps que nous agrandissions notre territoire, une fier nation comme la nôtre ne peut rester sur des frontières fixes, il est de notre devoir de nous étendre pour affirmer la supériorité de Zul'Kiraj !

Le Roi reposa son menton sur sa claymore, qu'il ne lui quittait presque jamais. Il était en pleine réflexion.

Vera pris la parole : Je propose qu'on envahisse les villages du Nord, bien trop faibles pour nous opposer une quelconque résistance.

Et d'autre part, ils détiennent un port. Il nous sera utile pour aborder l'empire, ajouta Forka.

Le Roi poussa un grognement puis murmura entre ses dents : Nous verrons bien, nous verrons bien...