Athanase XII Pontife
Age : 63 Ans
Neutre
Clerc : Primat Profession : Prêtre
Confession : Gémellite
| Sujet: L'Edit de Fonlenoy Sam 18 Déc - 23:01 | |
| Post N°1
Le camérier pénétra à pas feutré dans le studium. Il était le seul qui pouvait se permettre d’entrer ainsi sans s’annoncer. Il connaissait sur le bout des doigts toutes les habitudes du Pontife et savait pertinemment qu’à cette heure-ci, le saint homme s’adonnait à une méditation profonde et solitaire, à un face-à-face où son cœur s’ouvrait à son Dieu, où il cherchait dans le recueillement les réponses aux nombreuses questions que soulevait sa charge écrasante. Pour une affaire de l’importance de celle qui l’amenait, Gisbert de Valay savait qu’il pouvait se permettre d’interrompre la réflexion de son maître. Il était à son service depuis sa nomination sur le Siège Pontifical, et à ses côtés depuis bien plus longtemps puisqu’il avait été son adjoint au monastère de Cilesmes. Les deux hommes avaient une profonde estime réciproque et le camérier jouissait d’une influence sans pareil. En d’autres temps, en d’autres lieux, on eût pu dire de lui qu’il était l’éminence grise de l’éminence rouge. En entendant son pas glisser sur le pavé de marbre, Athanase XII, agenouillé face à un vitrail qui mouchetait son visage de tâches multicolores, se releva et se tourna lentement vers lui, tendant sa main en avant. Gisbert embrassa l’anneau pontifical comme le voulait l’usage avant de prendre la parole : - Je viens tout juste de prendre connaissance d’un message qui vous est adressé, Votre Sainteté ! Il nous a été envoyé par notre sœur Brunehaut Pontavice, secrétaire Aumonière du Comté de Fonlenoy.
Le Pontife saisit le parchemin que lui tendait le camérier et le déroula pour le lire. Il s’agissait d’un décret émanant du Comte Aegidius Juin. - Spoiler:
Décret comtal en Conseil portant organisation de l'enseignement en le Comté de Fonlenoy Le Comte ordonne la construction dans les délais les plus brefs de bâtiments attenants au château de Fonlenoy destinés à l'enseignement du niveau le plus bas au niveau le plus poussé de la lecture et de l'écriture ; des arts libéraux ; des théologies traditionnelle et réformatrice ; du droit canon ; du droit profane ; la médecine ; la philosophie.
Les formations sera en quatre grades : le certificat de Fonlenoy en trois ans qui assure la science de la lecture et de l'écriture ; la maîtrise en arts libéraux en sept ans qui assure la science des arts libéraux ; le baccalauréat et le doctorat en quatre ans chacun, qui assurent respectivement la science et la maîtrise parfaite des arts libéraux ; ou des théologies traditionnelle ou réformatrice ; ou des droits canon ou profane ; ou de la médecine ; ou de la philosophie.
L'enseignement du certificat est fait par les maîtres en arts ; celui de la maîtrise par les bacheliers en arts libéraux; celui des baccalauréats et des doctorats par les docteurs dans leurs matières respectives.
Le traitement des enseignants est décidé par contrat avec l'Université. Le Recteur de l'Université est nommé et révocable par décret autonome Comtal archivé en annexe au présent Décret. Le Règlement de l'Université qui régit la nomination des enseignants, des officiers, les frais d'inscription et tout ce qui conviendra est promulgué de manière autonome par le Comte et archivé en annexe au présent Décret.
- Et bien ? s’étonna le vieillard. En quoi cela vous alarme-t-il ? Que l’un de nos distingués Seigneurs veuille offrir la connaissance au plus grand nombre, n’est-ce pas là une bonne nouvelle ? Le camérier eut un tressaillement. Que celui qui se trouvait à la tête de l’église officielle ne put pas voir le danger qui émanait de cette initiative le sidérait. - Votre Sainteté, le Comte Juin est un réformateur… "des théologies traditionnelles et réformatrices"… Pouvons-nous accepter qu’en certains points de l’Empire, nos magisters soient dessaisis de leur prééminence sur l’enseignement ? Et, comble de tout, que des professeurs profanes enseignent la théologie Réformatrice ? Ne voyez-vous pas où cela nous mènera ?
Athanase eut un vague geste de la main, difficile à interpréter. - Les Réformateurs sont nos frères. Ils vénèrent le même Dieu que nous. Ils en ont simplement une vision différente. - Ils rejettent votre autorité ! Ils refusent d’accepter la hiérarchie de notre sainte église ! Ils instillent dans l’esprit du peuple l’idée que Perséphon est l’égal de Téléphane. Ils veulent renverser l’ordre établi, abattre nos temples et notre culte. Certains d’entre eux prétendent que l’on peut se passer de prêtres, que l’on doit dialoguer directement avec Dieu, que votre règne est une usurpation, que nos prélats sont des profiteurs privilégiés… - Ce qui, pour certains d’entre eux, n’est pas complètement faux.Le camérier essaya de contenir sa colère. Il avait toujours été en opposition avec le Pontife sur la tolérance qu’il manifestait à l’égard des Réformateurs. Pour lui, il ne s’agissait que d’un groupe de séditieux dont le seul but était de nuire au pouvoir ecclésiastique. - Je dois rencontrer l’Empereur prochainement. Nous préparions la noce de sa fille, que je devais bénir, mais il semble que cette union soit… reportée. Je lui parlerai de cette affaire qui vous préoccupe tant. Nous verrons bien ce que sa sagesse en pensera. | |
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